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Bakharetchea : la maison hendayaise de Pierre Loti,

vue par le peintre Émile Guiblain-Coquery

    Ami d’Aurore Sand, petite-fille de l’auteure de La Mare au diable, Émile Guiblain-Coquery (1884-1963) fut aussi celui de Pierre Loti. Invité à deux reprises chez l'écrivain, en 1920 puis 1921, dans sa demeure hendayaise de Bakharetchea (« la maison solitaire »), l’artiste nous en a laissé deux représentations. L’une montre le jardin d’où l’on découvre une villa voisine de la demeure de Loti, l’autre présente une vue de sa maison dominant une muraille et des tours.

 

Extrait de Entre le pinceau et la plume : Émile Guiblain-Coquery ou la vie d’un sage, Christian Jamet, Orsud, 2023 :

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    À l’invitation de Loti avec lequel il a gardé contact, durant les années de guerre, à travers un échange épistolaire, Guiblain-Coquery a donc l’occasion de séjourner dans la villa hendayaise de Bakharetchea (où a été en partie rédigé Ramuntcho), en 1920 puis 1921, année où il n’est toutefois pas certain qu’il ait pu voir l’écrivain, victime de deux « congestions » survenues à Rochefort en mars et avril. Remontons quelques années en arrière.

    En mai 1891, au moment où il est élu académicien, Pierre Loti joint à son activité d’écrivain celle d’officier de marine. Telle est la raison pour laquelle il ne tarde pas à solliciter une affectation militaire qui puisse lui laisser tout loisir d’honorer, conjointement à sa fonction de lieutenant de vaisseau et à ses travaux littéraires, ses toutes nouvelles obligations à l’Académie française. Dès le 16 décembre 1891, il obtient le commandement du Javelot, petite  canonnière  basée à  Hendaye.  Plus    « consulaire que militaire », ce poste lui convient. Le 23 décembre, après quelques nuitées dans un hôtel de la ville, l’officier-écrivain devient locataire d’une maison isolée, accolée à la « Villa mauresque » édifiée par le comte de Polignac en 1866 et surplombant la baie de Txingudi où la Bidassoa rencontre l’Océan. Cette demeure à la façade haute et étroite partage un jardin avec une villa plus cossue portant le nom de Gastelualdia, appartenant au même propriétaire, M. JeanBaptiste Dantin, et louée, comme la première, à des touristes ou à des officiers de la station navale.

Illustration ci-dessus : Pierre Loti, Les Gabiers (scène de Pêcheur d’Islande), 1884, dessin à la mine de plomb, 38 x 23 cm, Rochefort, Musées municipaux. Initié au dessin par sa sœur Marie Bon (peintre), Loti a par la suite perfectionné son art à l’École navale dont l’épreuve de dessin du concours d’entrée était affectée d’un fort coefficient.

    En novembre 1894, devenu amoureux du Pays basque, l’écrivain obtient de louer à volonté le « chalet Dantin » qu’il nomme un peu plus tard « Bakharetchea » (la maison solitaire) et qu’il achète finalement, le 12 août 1903. Il faut dire qu’elle l’avait d’emblée séduit, cette demeure pourtant sans grand confort ni grande allure, mais agrémentée d’un jardin quasi tropical et d’une vue incomparable sur l’estuaire depuis son balcon haut perché et les trois terrasses des tours d’une solide muraille, reprise d’anciennes fortifications. Devenu propriétaire, l’écrivain fait entreprendre d’importants travaux qui donnent au logis un aspect plus « basque », mais l’agrandissent aussi et le dotent d’un confort agréable au maître de maison comme à ses nombreux invités, parents ou amis. En 1905, il aménage en cabinet de travail la tour principale du mur, contournée par un escalier menant à la plage. C’est sur la terrasse de cette construction qu’il est pris d’un malaise, le 10 juin 1923, et s’éteint peu après, « doucement » selon ses proches, à l’âge de soixante-treize ans

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Émile Guiblain-Coquery, Bakharetchea, 1920, huile sur toile, 40 x 72,5 cm,

La Rochelle, musée des Beaux-Arts.

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Émile Guiblain-Coquery, « Bakharetchea, Hendaye », 1920, huile sur toile, 38 x 55 cm, coll. part.

Sur la partie gauche de la muraille, la tour principale contournée par un escalier

© 2023 christian JAMET

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